Dans une précédente chronique, j’ai reconnu que je suis devenu addictif à certains médias et réseaux sociaux algériens. Beaucoup d’entre vous me tancent avec des termes plus ou moins sévères pour m’inciter à m’éloigner de ces caniveaux pestilentiels. Mais je ne sais pour quelles raisons je continue à leur consacrer près d’une heure chaque jour, une heure à l’issue de laquelle j’ai l’impression que les inepties nauséabondes dont je prends connaissance pourrissent mon espace et rendent l’air irrespirable autour de moi.
Souvent je me sens obligé de prendre une douche, comme pour me purifier de ce que j’ai lu et entendu. Il y a probablement en moi un côté masochiste qui m’incline à m’exposer quotidiennement aux provocations immondes de voisins devenus imbuvables. Je n’arrive pas encore à comprendre pourquoi je m’y expose quotidiennement, sauf si je m’en remets à ma nature suspicieuse qui me pousse à prendre l’information à la source. J’en ai souvent tiré des conclusions qui me font apparaître comme un anti-Algérie. C’est faux, archi-faux ! Je m’en suis toujours défendu arguant du fait que, avant de devenir un sévère critique de nos voisins, j’ai été longtemps subjugué par ce pays. J’appartiens à cette génération qui a vécu intensément l’Algérie-mania des années 1960.
En scrutant les médias et réseaux sociaux algériens, je garde le secret espoir de détecter des signaux rédempteurs susceptibles de freiner la déliquescence du pays. Malheureusement c’est des signaux contraire qui se dégagent à chaque fois, des signaux d’autant plus inquiétants qu’ils donnent le sentiment que le pays, dans une allégresse morbide, se laisse glisser inexorablement vers les profondeurs de l’abîme.
Tous les observateurs se perdent en conjectures pour essayer d’expliquer la déconfiture d’un pays généreusement doté par la nature et par la…colonisation. Expliquer ce désastre par l’absence d’une histoire propre, ou par son indigence culturelle, ne suffit pas. Il va falloir chercher d’autres raisons, car bon nombre de pays, sortis du néant, arrivent à trouver leurs marques et gagner de la respectabilité.
Il y va des pays comme des individus. La vie, autour de chacun de nous, est jalonnée de réussites spectaculaires d’individus venus de nulle part. Même sans enracinement culturel, et pour peu qu’ils ne traînent aucun complexe moral, ces individus finissent par se hisser à un niveau respectable. La vie, malheureusement nous fournit beaucoup de contre-exemples d’individus qui sont en « mal d’origine » et qui compensent ce manque par des violences rarement contenues.
Ces constats font penser à évidence à l’Algérie. Voilà un pays à peine sorti des limbes de la domination étrangère, pas encore entré dans l’histoire, pris en otage par un ramassis de trublions animés par une frénésie meurtrière récusant toutes les formes de civilisation ! Et cela commence par la démolition de tout ce qui s’apparente à l’éducation, à l’urbanité et d’une manière générale à ce qui valorise l’être humain.
Tous ceux qui symbolisent ces aspects-là deviennent des cibles de choix au point qu’ils n’ont d’autre priorité que d’arriver à abattre tous ceux qui leur paraissent supérieurs. C’est ainsi que le Maroc est devenu leur ennemi « privilégié », un ennemi sans lequel ils n’ont plus de raison d’être, car ils ne vivent qu’avec et par la haine du Maroc.
Sauf que le Maroc restera une citadelle imprenable même si cela devrait nourrir pour quelque temps encore la survie de ces mauvais génies destructeurs.
Une fois de plus répétons qu’il y va des pays comme des individus. Qui ne connaît pas autour de soi de riches héritiers qui ont tout dilapidé et qui se sont retrouvés comme des parias, des loques humaines ? Nos voisins ont à leur tour dilapidé plus de 1 500 milliards de Dollars en moins de deux générations. Un montant faramineux, qui utilisé à bon escient, aurait assuré la vie à plusieurs générations.
Aujourd’hui l’Algérie apparaît en manque de tout. Pour combien de temps les hydrocarbures vont-ils assurer la survie du pays ? Le pire, c’est que ce pays sous perfusion, souffre d’un handicap majeur : l’inaptitude des Algériens à travailler. Et pour cause ! La junte militaire a réduit les populations aux statuts d’assistés pour leur faire croire que elles aussi, bénéficient des prébendes de la rente pétrolière. Remettre les gens au travail près de six décennies après, relève de la gageure.
On voit que l’Algérie est durement fragilisée. Mais les généraux, à l’image des grands caïds des milieux mafieux, même à l’agonie, continuent à donner de la voix pour faire croire qu’ils n’ont rien perdu de leur vitalité et leur puissance. Les ressources tarissent à vue d’œil, le matelas de devises s’est vidé encore plus rapidement ! Jusqu’à la vaste audience diplomatique qui se réduit comme peau de chagrin ! Quelle parure encore à leur puissance ?
L’armée ? Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Le défilé du soixantième anniversaire de l’indépendance était l’occasion de rouler les mécaniques, et exposer biceps et triceps. Le résultat de ce qu’ils croyaient être une démonstration de force est tout le contraire. Les observateurs étaient unanimes à souligner la vétusté de son armement, un armement conçu pendant la période soviétique et que les retouches successives n’arrivent pas à hisser au niveau des armées modernes.
Certes le nombre de chars et avions dont dispose l’Algérie est impressionnant. Mais combien sont-ils pleinement opérationnels ? Leur remise en état est semble-t-il impossible, car engluée dans la guerre en Ukraine, la Russie est incapable de livrer le moindre écrou ou vis à l’Algérie. Même en se tournant vers l’Iran, il n’est pas sûr de trouver auprès de ce pays les stocks de pièces de rechange nécessaires à la restauration de leur arsenal guerrier.
À en croire certains opposants algériens le niveau du stock de munitions est des plus préoccupants. Estimé à une, deux semaines, peut-être même un mois selon le type de munitions, le stock est à peine suffisant pour un baroudeur d’honneur. Au moment où la Russie a besoin de la dernière cartouche, et que l’Iran n’acceptera pas de se fragiliser pour sauver un pays en totale déliquescence, la junte militaire ne sait pas à quel saint se vouer.
Il est certain que si les militaires algériens n’étaient pas confrontés à de telles difficultés, ils n’auraient pas hésité un instant à en découdre avec le Maroc. Pour masquer leur impuissance, ils croient que leurs vociférations vont tromper leurs ennemis sur l’état réel de leurs forces.
En répétant à satiété et dans toutes les instances : arrêtez-moi sinon je fais un malheur, ils ont réussi momentanément à abuser nombre de pays qui, par souci de paix, ont fini par cédé aux caprices de la junte militaire. Aujourd’hui ce chantage ne prend plus, et l’Algérie apparaît dans sa nudité la plus glauque.
Le volet hydrocarbures est devenu à son tour inopérant. La production stagne, sinon régresse, les réserves aussi, et les prix restent très volatils. Une arme devenue tellement futile, et en faire usage causerait plus de dommages à l’Algérie elle-même qu’à ses éventuels détracteurs.
Tout ce qui constituait la force du pays deviennent sans effet. Aucune chancellerie n’ignore cette situation. Sauf la française qui croit que l’Algérie conserve tout de même une forte capacité de … nuisance. La vérité est autre, et la France joue à se faire peur ou à entretenir la confusion sur ses intentions.
Le bellicisme surfait du quarteron de généraux, trahit la misère morale et matérielle où se dépêtre ce colosse aux pieds d’argile. L’Algérie ne fait plus peur à personne ! Ceux qui font semblant d’avoir peur et qui veulent faire croire à une supposée puissance algérienne, ce sont des pays qui ont un funeste intérêt à faire perdurer les conflits. La France en particulier entretient un épais brouillard sur l’état de déliquescence de sa protégée pour continuer à pêcher en eaux troubles. La France qui connaît le mieux ce pays, nourrit le mythe d’un « risque algérien » alors qu’elle connaît l’état d’impuissance de son alliée-ennemie, affichant du coup et sans pudeur son hostilité déclarée au Maroc. Désespérant !
Abdelahad Idrissi Kaitouni.
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