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Mon blog

Photo du rédacteurNouveau Don Quichotte

J’ai pas fini, j’ai pas fini ! Je l’aime tant le temps qui me reste.




À l’approche de la date de mon anniversaire, je me sens comme une obligation de disserter sur le Grand Âge. Je me suis déjà fendu d’une demi-douzaine de chroniques où j’ai abordé la question sous ses multiples aspects. Mais le ton restait toujours jovial, plaisant et un tantinet moqueur. 


Sauf qu’il n’y a pas que du plaisant dans le Grand Âge, car l’altération inévitable du corps invite à plus de circonspection. Qu’importe, je trouve toujours le moyen de garder le cap sur la bonne humeur. C’est ainsi que j’avais intitulé une de mes chroniques Les délicieux tourments du Grand Âge 


Êtes-vous nombreux à trouver délicieuses une crise néphrétique, une arythmie cardiaque ou une rage de dents par exemple ? Pas vraiment !


Il est vrai que nous ne sommes pas égaux face à la douleur. Nos corps ne sont pas identiques, les crises ne sont pas forcément de la même intensité, et le mental diffère d’un individu à un autre, amplifiant la douleur dans un cas et l’inhibant dans un autre. 


Pour arriver à l’âge que j’ai, on devine que mon corps a subi les assauts répétés de nombreuses crises, certaines plus dures que d’autres. Cependant, même quand une très forte douleur m’étreint, instinctivement, au plus profond de moi-même, je me souris en me disant : Tiens mec, tu vis ! . Évidemment que la souffrance physique m’apparaît comme la preuve de mon appartenance au monde des vivants ? 


Constat trivial, mais pour moi, le répéter à chacune de mes crises, lui confère une certaine magie, car j’ai l’impression qu’il constitue une composante de cette mystérieuse et insaisissable antidote que je cherche à opposer à mes tourments. Donc je continuerai à sourire et toujours sourire jusqu’à la dernière crise qui m’emportera.



Si souffrir dans ma chair me rappelle que je vis, la souffrance des autres m’est insoutenable. Quand il s’agit de moi, j’ai conscience du degré de souffrance, mais s’agissant de tiers, je l’imagine toujours extrêmement douloureuse. 


Ce n’est pas juste une forme d’altruisme débridé, mais bien le résultat de l’hypertrophie de mon sentiment de compassion ? Raison pour laquelle je me sens tétanisé à l’idée que je ne puisse pas soulager la détresse des autres. C’est une sourde colère qui monte en moi à cause de mon impuissance à réagir. 


Être très cérébral, vous expose à des souffrances morales bien plus grandes que les souffrances physiques. C’est apparemment mon cas ! Si j’ai trouvé un signifiant pour la douleur physique en la rattachant à la vie, il me fallait trouver un signifiant équivalent pour atténuer mes tourments moraux. Pourtant, à l’évidence, mes sensations face à la détresse de tiers ressortissent d’un profond sens d’humanité. Avoir en soi ce genre de sensation est une des choses les plus gratifiante dans la vie. Cela revient à me forger une antidote à la douleur morale qui m’étreint face aux malheurs des autres. 


Une antidote pour la douleur physique, puis une autre pour la douleur morale, et me voilà encouragé à me parer d’optimisme pour rendre agréable les prolongations que je vis. 


Cependant que me vaut un optimisme qui ne se pare pas à son tour d’humour, de dérision ?



Un état d’esprit, mâtiné de beaucoup d’humour et une bonne dose de dérision, ne saurait être une simple béquille pour m’aider à dépasser les vicissitudes de l’âge. Mais il doit conforter ma détermination à tout faire pour vivre au mieux le temps qui reste. 


J’ai envie de déclamer, comme Serge Reggiani : 

J’ai pas fini, j’ai pas fini (…)

Je l’aime tant le temps qui me reste 


Comme lui, je veux faire tant et tant de choses avant. Ma liste est assez longue car elle inclut aussi toutes les choses que physiquement je ne pourrai plus jamais pouvoir accomplir. Et comme lui, je rappellerai à chacun que : la vie est mon pays.


Alors ce matin, en ce jour anniversaire, avant même d’avoir ouvert mon clavier, je riais in petto en balançant à « la Grande Faucheuse » : je t’ai eue encore, une fois de plus ! Ainsi pourrais-je continuer à empiler les années sans me soucier des chiffres. 



J’habite dans une résidence dite Hameau du Golf à Bouznika, cadre des plus agréables, offrant calme et sérénité pour tous ceux qui aspirent à moins de stress ! J’y ai fait la connaissance d’une bonne douzaine de personnes ayant presque mon âge, avec qui je joue régulièrement aux cartes, le Touti. Ils se sont avérés de joyeux lurons, prêts à rire de tout et de rien. Ce n’est pas pour me déplaire, je fais tout pour me fondre dans l’ambiance, quitte à gommer mon côté « intello » qui m’afflige. J’y suis aidé, car à l’exception de deux ou trois, la majorité de mes compères s’abstiennent de s’embarquer dans des débats d’intellectuels.


Il n’empêche que parfois et sans le vouloir, quelques discussions commencées dans la plaisanterie, finissent par déboucher sur des réflexions quasi philosophiques. Ainsi en a-t-il été une fois lorsque le plus jeune d’entre nous, un jacassin comme on n’en fait plus, m’avait apostrophé en faisant remarquer que j’avais une prédilection à porter des habits de couleurs vives, parfois criardes. Taquinerie judicieuse et formulée de manière plaisante : Tu es notre aîné, et ton côté vestimentaire tranche avec celui des gens de ton âge. Y a-t-il une raison à cela ?


Vraiment je ne m’attendais pas à ce genre de question. Un peu déstabilisé, j’avais fini par répondre : Je ne crois pas que les gens de mon âge, se sentent obligés de s’habiller en gris, en couleurs ternes. Chacun agit en fonction de son vécu et de ses conditions propres. Pour ma part j’aime mettre des couleurs dans la vie, dans ma vie. Je suis un incorrigible optimiste et j’avais mis définitivement le cap sur la bonne humeur. Il faut bien que l’extérieur reflète l’intérieur, et inversement. 


Notre jacassin, capable d’animer à lui seul une soirée, mais incapable de rester sur le même sujet plus de trois minute, semblait intéressait par ce qu’il appelle ma philosophie de vie.


D’après lui c’est cette philosophie qui me pousse à sourire béatement à la vie, moyen pour m’aider à conjurer le sort. Excédé, j’avais répondu : Le sort, je ne le connais pas, par contre le mien si. Mon sort et moi faisons bon ménage, car depuis toujours il m’a réservé le meilleur. Il ne constitue en aucun cas un danger pour le conjurer, pour l’écarter. Certes, la vie peut réserver des situations inattendues, mais je leur opposerais toujours le même optimisme.


Je serais d’une incroyable naïveté si je devais croire qu’on peut arriver à bout des turpitudes de la vie, armé du seul optimisme. À contrario, est-ce que la résignation, l’abandon sont-ils les attitudes adéquates face à l’adversité ? À choisir entre les deux, je préfère convoquer ma bonne humeur en toutes circonstances. Autant que je parte avec le sourire !



Abdelahad Idrissi Kaitouni.






























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