Le sauvage assassinat de Conflans-Sainte-Honorine a soulevé partout une légitime indignation. Les réactions étaient unanimes pour condamner cet acte barbare. Les personnalités et organisations musulmanes étaient très promptes à réagir cette fois avec les mots les plus durs pour parler de cet acte immonde et innommable.
Malheureusement les médias français, dans leur quasi totalité, font douter de la sincérité de tous propos tenus par les musulmans. Ils ont beau fait amende honorable pour des crimes qu’ils n’ont jamais commis, ils en seront tenus pour complices, sinon collectivement responsables du seul fait qu’ils sont musulmans. Un fou de Dieu ou un fou tout court commet un acte criminel et c’est toute la communauté musulmane qui doit porter l’opprobre du crime. On leur refuse jusqu’à la possibilité d’exprimer de la compassion pour les victimes car pour les médias mainstream un musulman est incapable d’éprouver la moindre compassion, il est tout juste apte à tuer.
Jamais la communauté musulmane n’a été aussi désemparée qu’en ce moment où tout fait, grand ou petit, devient un élément à charge contre elle. Qu’elle se taise et voilà que son silence devient complicité, qu’elle s’exprime et sa parole devient inaudible car noyée dans des torrents d’insultes des politiques et des médias à la solde. Se tenir à carreau, respecter scrupuleusement les lois de la République, fraterniser avec les membres des autres communautés est suspect s’agissant d’un musulman. Ce dernier est juste en mode dissimulation, et il passera à l’acte à la première occasion. D’où les appels répétés à la délation.
La stigmatisation systématique dure depuis plusieurs années. Elle a tellement fragilisé cette communauté que cette dernière n’éprouve plus la force et surtout l’envie de se défendre, et ceux qui essaient de le faire, le font si mal qu’ils enfoncent davantage les leurs. Ce sont des individus si peu au fait des principes de l’Islam qu’ils ne retiennent que la symbolique comme le Prophète ou le Coran. Le Prophète est devenu du coup le talon d’Achille de cette frange de musulmans.
La bien-pensante qui gère la France ne l’ignore pas et réactive à intervalles réguliers les fameuses caricatures dans l’espoir inavoué d’exaspérer quelques paumés pour qu’ils passent à l’acte. A croire que c’est le CRIF, administrateur de la bien-pensante, qui a grandement besoin d’entretenir la peur de l’Islam, et qui y trouve son compte. On le voit dans la délectation morbide avec laquelle les médias s’emparent de ces tragiques événements. Un attentat, dit « terroriste », de temps à autres sert les intérêts de certains, mais sûrement pas celui de la communauté musulmane qui en pâtit chaque fois plus que la précédente.
Les choses sont d’une telle évidence, qu’on n’a pas besoin de se poser la question rituelle : à qui profite le crime ? La question moins évidente est celle que se posent des musulmans, qui sans verser dans la victimisation, se demandent ce qu’ils ont fait pour subir cette déferlante de haine. Malgré cela ils essaient de se donner un peu de contenance en imaginant que les lois et les valeurs de la République vont les protéger.
Jusqu’à quel point la République va-t-elle épargner ces millions de musulmans quand on voit que la campagne de stigmatisation est pilotée au plus haut niveau, par l’Élysée. Seuls les plus lucides comprennent que Macron, pour perdurer, a besoin de gouverner par la peur. Il fait alterner la peur de la pandémie avec la peur de l’Islam avec sa fumeuse idée du «séparatisme islamiste ».
Il est hors de propos d’imaginer un instant que cet écrit puisse contenir ne serait-ce qu’un soupçon de justification aux forfaitures des islamistes. L’abjection de leurs actes ne saurait être légitimée d’aucune manière. Mais le combat contre cette hydre, comme l’a qualifiée Macron, doit être mené conjointement par Musulmans et non-Musulmans. C’est le combat de toute la société française sans exclusive.
L’adhésion franche et massive de la communauté musulmane à ce combat sera d’autant plus efficace, que cessera sa mise à l’indexe chaque fois qu’un crime est commis par un individu qui prétend en faire partie.
Abdelahad Idrissi Kaitouni.
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