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Photo du rédacteurNouveau Don Quichotte

La reconnaissance de la marocanité du Sahara : c’est bon à prendre, mais quid de nos territoires de l’Est ?




Pour les Chrétiens, la période de Noël, est la plus propice pour faire des cadeaux. Même quand quelque chose d’exceptionnel arrive à ce moment-là, on le met sur le compte de la magie de Noël. 


Notre Noël à nous Marocains, c’est la fête du Trône. Cette année, elle revêt un caractère exceptionnel car elle consacre le vingt-cinquième anniversaire de l’avènement du Roi Mohamed VI. 


Tous les Marocains attendaient l’exceptionnel, et ils étaient nombreux à guetter l’annonce dans le discours du Trône. Mais, ils sont restés sur leur faim, car ils ont eu droit au plus court discours du Trône jamais prononcé par un souverain marocain. 


Cette rupture brutale avec une longue tradition que les Monarques ont toujours saisi pour faire l’inventaire des réalisations de l’année écoulée, et pour faire des projections de leurs ambitions futures, était une manière pour Mohamed VI de jouer sur l’effet d’annonce de la reconnaissance par la France de la marocanité du Sahara. 


Le Roi a été bien inspiré d’avoir ainsi amplifié l’effet de cette annonce, car les termes forts choisis par Macron méritaient bien un traitement privilégié. 



Il n’y a rien de surprenant, car la France est depuis fort longtemps persuadée de l’inéluctabilité de cette reconnaissance. Elle en savait gré au Maroc de ne pas l’avoir mis sous pression, car il était conscient de l’ampleur des pressions exercées sur elle par l’Algérie, une Algérie qui n’a jamais fait montre du moindre scrupule à enfoncer ses partenaires. Donc tout le monde voyait venir cette reconnaissance, mais on attendait pas un message aussi clair de Macron, avec des mots aussi forts, et toute la subtilité de la symbolique liée à la fête du Trône. 



Oui, depuis plusieurs mois, on voyait la diplomatie française s’enhardir, négociant chaque étape du processus devant conduire à cette déclaration finale de la France. Au même moment, le Maroc confortablement installé dans son Sahara, s’est lancé à corps perdu dans de grands travaux d’infrastructures pour faire face à des échéances internationales, comme la Coupe du Monde. 


En dehors de quelques médias marginaux et certains réseaux sociaux inconséquents, le Maroc officiel n’a jamais montré la moindre impatience. Il laissait venir les choses à lui ! 


Cette sérénité est diversement appréciée. En France encore moins qu’ailleurs, car cette dernière constate avec amertume, que de nombreux contrats d’infrastructures qui devaient échoir aux entreprises de l’Hexagone, font aujourd’hui les choux gras des Espagnols, des Chinois ou des Sud-Coréens.


Amadouer l’Algérie pour espérer avoir une part du gâteau marocain, relève de l’impossible. Alors, Macron n’avait plus d’autre choix que de forcer le destin en acceptant une brouille provisoire avec l’Algérie. Espère-t-il arracher quelques gros marchés pour ses entreprises pour sceller les retrouvailles avec le Maroc. Ces marchés seraient-ils suffisamment juteux pour compenser les annulations de contrats  qui surviendraient avec l’Algérie ? 


D’une manière générale est-ce que le Maroc peut être un bien meilleur partenaire que l’Algérie. Objectivement non ! 


L’Algérie accuse des retards considérables dans pratiquement tous les domaines, et du coup ses besoins sont immenses. De plus elle dispose de ressources importantes. 


Le Maroc, quant à lui, apparaît de plus en plus comme un concurrent à la France, de il est en mesure de répondre lui-même à beaucoup de ses besoins d’infrastructures.


Pourquoi avoir « sacrifié » l’Algérie qui représente un intérêt évident pour la France ?



Apparemment tout cela paraît cousu de fil blanc ! Les questions mercantiles ont beau être prégnantes pour la France, il reste qu’elle est confrontée aussi à une crise existentielle gravissime. Son positionnement dans le monde se dégrade à vu d’œil. Sa crédibilité est largement entamée, une crédibilité essentielle pour soutenir des réussites économiques et commerciales. 


Que faire quand on est pris entre la rigidité algérienne et la flexibilité du roseau marocain ? Rien, sauf à louvoyer, ou à jouer la fuite en avant. Telle est aujourd’hui la position de l’Élysée, chez qui on rajoute la caractéristique première du tempérament français : jouer au plus malin.



La France a tenté pendant longtemps de jouer les médiateurs entre Rabat et Alger. Elle espérait ainsi s’épargner de se retrouver ballottée entre les deux capitales. Sauf que pour jouer les messieurs bons offices, il faut tout mettre sur la table, et en premier lieu les archives de la colonisation.


Comment veut-on aider à solutionner un problème si on ne remonte pas à l’origine de celui-ci ? Pourquoi vouloir jeter un voile pudique sur le passé colonial en cherchant à masquer certains aspects peu glorieux de la colonisation ? 


Ce déni était-il plus important que la perspective de réécrire une page inspirante de nouvelles relations entre la « métropole » et ses ex-administrés ? On peut toujours arguer que l’Algérie se barricade derrière le fallacieux principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Mais quand si on veut mettre à plat un problème, on doit mettre en cause l’ensemble des idées qui sous-tendent ledit problème. 


Est-ce que la France est prête à assumer pleinement la médiation au prix de se défausser de ses archives , unique gage de sa volonté qu’elle veut œuvre pour assoir une paix durable dans la région ?


Une telle hypothèse paraît peu probable car elle suppose une volonté largement partagée par l’ensemble l’establishment français, et requiert de la détermination et une bonne dose de courage du principal décideur. Cela ne paraît pas être le cas au vu de l’état de déliquescence du pouvoir à la tête du pays. Alors, comment un Macron aussi fragilisé peut-il prendre une décision de cette importance ? Comment a-t-il pu jeter l’Algérie avec une apparente désinvolture ? 



Certes les pratiques diplomatiques ont été respectées dans la mesure où les Algériens ont été informés de l’imminence de la reconnaissance de la marocanité du Sahara. On a assisté une réaction anticipée, très violente du ministère des affaires étrangères algérien avant l’officialisation même de la position française. Une réaction toute convenue et attendue compte tenu du fait que l’Algérie considère le Sahara comme une question existentielle, alors que devant toutes les instances internationales, elle répète qu’elle n’a aucune prétention sur ce territoire. 


La suite on la connaît : après l’officialisation de la position française, rappel de l’Ambassadeur et nouvelle campagne anti-française des médias algériens.



Si les choses doivent en rester là, Paris s’en tire à très bon compte. Pour les plus sceptiques, il y a anguille sous roche. Quelle garantie l’Algérie a-t-elle reçue pour que sa réaction reste somme toute modérée ? 


À mon humble avis, la seule contrepartie, en rapport avec le conflit du Sahara, serait un engagement de la France de ne jamais divulguer les archives sur l’annexion de vastes territoires de l’Est du Maroc. 


Nombreux, très nombreux sont les observateurs, y compris parmi les Algériens, qui savent que l’Algérie est pays totalement artificiel, et qu’il n’a jamais pu exister dans l’histoire de l’Afrique un territoire aussi vaste (2,3 millions de kilomètres carrés !). 



On ne connaîtra peut-être jamais les termes du compromis entre la France et l’Algérie, si compris il y a eu. Il n’y a pas que le Maroc qui en serait victime, mais la Tunisie, la Libye et le Mali ont été dépecés à leur tour, sans compter les Touaregs et les Azaouds à qui on leur a retiré leur capacité à s’ériger en États.


Le fallacieux principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation n’est pas opposable, dès lors qu’il existe des documents authentifiés prouvant l’appartenance de territoires à tel ou tel pays. Ce principe a été voulu et imposé par les pays colonisateurs qui cherchaient à mettre fin aux conflits qui les opposaient sur leur possessions respectives, et visaient aussi à éviter qu’ils ne soient impliqués ou même entraînés dans des conflits pouvant survenir entre les futurs états indépendants. Ce principe léonin avait été édicté dans les années 1960 pour protéger les colonisateurs d’abord !



Qu’importe ce qui a bien pu se tramer entre Paris et Alger. Les Marocains restent stoïques et se disent qu’il y a que du positif dans la position française et qu’elle est bonne à prendre. Ils gardent dans leur subconscient collectif les territoires de l’Est.


Sans y renoncer, ils caressent l’espoir de les récupérer, car ils croient à l’implosion imminente de l’Algérie, un pays qui, après plus de soixante ans d’indépendance n’arrive toujours pas à se doter des attributs d’une Nation, et peine à se trouver une identité. De plus, après plus de soixante ans d’indépendance, le différentiel de développement entre deux pays ne fait que s’aggraver, ce qui risquerait de précipiter l’implosion. 


Que répondre à une majorité qui ne voit dans cette implosion que l’expression d’une justice immanente ?


Moi, je ne dis rien !



Abdelahad Idrissi Kaitouni. 






















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