Les Marocains ont éprouvé un sentiment de légitime fierté à l’annonce de l’élection de Mme Khadija Arib à la présidence de la chambre basse du Parlement des Pays Bas. Le succès de cette femme d’origine marocaine, venant après celui, non moins important, d’un autre compatriote, M. Ahmed Boutaleb comme Maire de Rotterdam, est d’autant plus impressionnant qu’il intervient dans un pays qui connaît une terrible vague de rejet des migrants en général et du musulman en particulier.
Si ces personnalités ont réussi à s’imposer, à ces niveaux de responsabilité, dans un climat franchement hostile, c’est qu’ils présentent des qualités hors normes. On peut en dire autant de Najat Vallaud-Belkacem et Miryam El Khomri, qui, l’une et l’autre se sont imposées dans des positions stratégiques au sein du Gouvernement français, alors que le climat est aussi délétère.
J’ai cité les plus connus pour éviter d’égrener la longue liste de personnalités d’origine marocaine qui ont fait des percées dans diverses disciplines, un peu partout dans le monde.
Au vu de ces « succès stories », on est tenté de dire, cessez d’insulter l’intelligence des Marocains ! Mais on ne peut pas non plus échapper à l’objection : pourquoi sont-ils dotés d’intelligence à l’étranger, et en sont-ils dépourvus à l’intérieur du pays ?
Alors comment sont ces Marocains de l’intérieur ? Sans le brin d’un doute je réponds qu’ils sont tout aussi brillants que ceux de l’extérieur. J’en ai croisés à la fin des années ’60 en France. Oui, des garçons et des filles exceptionnels, bardés de diplômes et dotés d’une remarquable conscience politique (forgée lors des interminables meetings à la Maison du Maroc).
De retour au Maroc, nombre d’entre eux ont été propulsés à de très hauts postes de responsabilité : ministres, ambassadeurs, directeurs d’établissement publics… Avec ces intelligences aux commandes, on était en droit de s’attendre à des progrès fulgurants que le rêve de l’Indépendance toute récente, laissait entrevoir.
Mais force est donnée de constater que les résultats n’étaient pas au rendez-vous. C’est à croire que le brio de ces intelligences s’est évaporé dès le retour au pays.
Questions simples : d’où vient l’inhibition des facultés créatrices de nos élites ? Qu’est-ce qui les bloque ? Pourquoi cette paralysie apparente frappe-t-elle toute l’élite ?
J’imagine que tous les Marocains ruminent continuellement ces questions et bien d’autres. Chacun y va de sa théorie pour expliquer la situation. Mais nul ne trouvera la réponse dans la splendeur de sa solitude. C’est par une réflexion collective que nous pourrons conjurer le sort et dégager une solution.
La restauration de notre intelligence sortira d’un débat aussi âpre que possible, où les tabous et les non dits n’auront pas leur place, où les sacralités pourraient être malmenées, mais où le sens de la responsabilité citoyenne reste de mise. C’est à ce prix et à ce prix seulement que plus personne ne s’amusera à insulter l’intelligence des marocains.
C’est à ce débat que j’invite tous mes « amis » de Facebook. En fonction des retours des uns et des autres, je me propose de poster un prochain billet pour initier ledit débat en mettant sur la table les prémices de réponses à nos interrogations.
Abdelahad Idrissi Kaitouni.
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